version française / please read in English below
Imaginez que vous êtes invité à un dîner et que quelqu'un vous demande : Que faites-vous ? À quoi vous répondez timidement que vous travaillez dans l'éducation. Ces échanges sont généralement assez courts. En revanche, si vous les interrogez cordialement sur leur formation, ils vous clouent au mur et n'arrêtent pas de vous raconter. Tout le monde a une histoire à raconter, notamment sur ce que l'on a étudié et où l'on a étudié. Écouter la multitude de ces histoires ne semble pas convenir à tout le monde.
Imaginez maintenant que le fait d'écouter l'histoire de quelqu'un devienne une histoire en soi.
Avoir la tchatche
Notre système éducatif glorifie la conversion des étudiants de spectateurs en acteurs. À l'école primaire ou secondaire, ainsi qu'à l'université, être extraverti, sociable et loquace est presque toujours un compliment. En revanche, être introverti, timide et solitaire ne figure pas parmi les trois traits de caractère les plus importants à faire figurer sur un CV.
Nous semblons oublier que les pensées et les réflexions sont souvent faites dans la solitude et basées sur l'introspection. L'éducation, c'est aussi apprendre à penser et à trouver le temps de penser.
Néanmoins, l'image de marque personnelle est aujourd'hui le fondement d'une éventuelle insertion dans la vie active pour les étudiants. Si nous vivons nos journées comme des expériences, notre vie quotidienne doit être une histoire qui vaut la peine d'être racontée.
Nous ne sommes plus seulement des êtres humains, mais aussi des marques à temps partiel. À l'instar d'Apple ou de Coca-Cola, nous nous positionnons, en essayant de captiver notre public. Si nous sommes tous si occupés à raconter des histoires, quand prenons-nous réellement le temps d'écouter toutes ces incroyables biographies partielles ?
Quand écouter devient l'histoire à raconter
J'aime les podcasts, surtout ceux où l'espace et le temps sont abondants. Je les écoute attentivement et je les partage avec mes amis. Le fait que d'écouter les histoires des autres devienne en quelque sorte l'histoire que je raconte moi-même est intriguant, dans un format numérique, comme dans le monde réel.
J'ai commencé à prendre le temps de vraiment écouter et comprendre. Je voulais échanger avec des personnes inspirantes et essayer de saisir leurs connaissances et leur expertise, afin de pouvoir raconter quelque chose de nouveau, mon propre podcast.
Les histoires éducatives qui nous font grandir sont le résultat d'un méli-mélo éclectique de connaissances et d'expériences des autres avec les nôtres. Écouter des pensées stimulantes, tout en apprenant à connaître les personnes qui les ont, nous fait apprendre.
Pourtant, ce qui compte vraiment, ce n'est pas le fait de raconter une histoire, mais le fait que des gens comme vous l'écoutent ou la lisent, quand et où vous le voulez. Vous endossez le rôle du récepteur, de la personne qui porte le poids réel de la conversation.
Nous sommes parfois l'exception, devenant des auditeurs d'histoires qui apprécient la valeur du silence.
English version / Lisez la version française ci-dessus
Imagine you are invited to a dinner party and somebody asks : What do you do? To which you timidly answer that you work in education. These exchanges are usually cut quite short. If you cordially ask them about their education, on the other hand, they pin you to the wall and won’t stop telling you. Everybody has a story to tell, especially about what and where one has studied. Listening to the multitude of these stories seems not to be for everyone.
Now Imagine, what if listening to somebody’s story would become a story itself ?
The gift of the gab
Our educational system glorifies the conversion of students from showgoers to entertainers. In primary- or highschool, as well as in university, being outgoing, sociable and talkative is pretty much always a compliment. Per contra being introverted, shy and solitary do not rank as the 3 most important character traits to put on a CV.
We seem to forget that thoughts and reflections are often made in solitude and based on introspection. Education is also learning how to think and how to find the time to think. Nonetheless personal branding is today’s groundwork of a possible insertion into the workforce for students. While we live our days as experiences, our daily life has to be a story worth telling.
We are not just human beings anymore, but also part-time brands. Just like Apple or Coca Cola we position ourselves, trying hard to captivate our audiences. If we are all so busy telling stories, when are we actually taking the time to listen to all these amazing part-biographies?
When listening becomes the story
I like podcasts, especially the ones where space and time are abundant. I listen attentively and share them with my friends. The fact that listening to other people’s stories somehow becomes the story I tell myself is intriguing, in a digital format, as in the real world.
I started to take the time to really listen and understand. I wanted to exchange with inspiring individuals and try to grasp their knowledge and expertise, in order to be able to tell something new, my own podcast.
Educational stories that make us grow are a result of an eclectic mishmash of knowledge and experiences of others with our own. Listening to challenging thoughts, while getting to know the people having them, makes us learn.
Yet what really counts is not the fact that one tells a story, but that people like you do listen or read it, whenever and wherever you want. You take on the role of the receiver, the person that carries the real weight of the conversation.
We sometimes are the exception, becoming story-listeners who appreciate the value of silence.